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Rihab Coach



Dialogue avec un oiseau

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Je suis au milieu du parc, de la verdure, des chants d'oiseaux, des rires joyeux d'enfants lointains. Mes yeux sont fermés et j'utilise mes autres sens pour détecter ce qui se passe autour de moi. Je sens un petit gazouillement insistant tout près de moi, j'ouvre les yeux, il était là par terre, en train de sautiller et de secouer la tête en me fixant. Il est beau, brun et des mèches dorées ornent son petit corps d'oiseau.
"Raconte-moi tout" me murmura-t-il.
J'étais saisie, il parle ? Il ressent ce qui se passe au fond de moi ? Je croyais devenir folle, je regarde à gauche, à droite, et je me baisse pour être sûre que personne ne m'entende :
"Même si je comprends ce monde à force de l'observer, par moments, il me pèse."
Il me regarde, je vois dans ses yeux qu'il me comprend, qu'il est empathique, il ne prononce pas un mot...Je me sens en confiance.
"Tu sais, les gens autour de moi chacun est occupé avec ses affaires. Chacun considère que ses blessures sont les plus profondes, ses souffrances les plus fortes. Ils font des promesses qu'ils ne tiennent pas, ils engagent des personnes en les laissant à mi-chemin, il pense à eux. Je suis la première qui dit qu'il faut qu'on pense à soi, mais pas dans le sens je pense à moi et après moi le déluge, non je pense à moi pour mieux penser aux autres."
L'oiseau continue à m'observer, avec intérêt, il ferme les yeux et hoche la tête en guise d'approbation, ce qui m'encourage à continuer.
"Des fois je suis fatiguée, fatiguée de penser à tout le monde, fatiguée de penser que je peux contribuer à rendre ce monde meilleur, fatiguée d'être aussi connectée aux autres. Des fois je me dis je vais tirer ma révérence mais quelque chose me retient."
Le joli petite oiseau commence à faire les 100 pas, il s'arrêtait de temps à autre pour me regarder et il continuait.
Il bat ses petites ailes et vient s'installer à côté de moi sur le banc.
"Peux-tu me transformer jolie dame en un magnifique cheval blanc prêt à galoper de toutes ses forces ici dans ce jardin ?"
Je le regarde, longuement, en essayant de saisir le sens de sa question.
"Non, bien sûr que non, je n'ai pas de baguette magique."
"On naît ce qu'on est et on le restera jusqu'à la fin de notre vie. C'est ce que tu es et tu le resteras. Et là où tu tireras ta révérence, ce que tu es te rattraperas de toute façon."
Mes souvenirs m'ont porté dans des endroits lointains, des situations lointaines, des événements lointains, et c'est vrai je suis toujours restée fidèle à moi-même.
Il continue...
"Tu as le droit d'être fatiguée, d'être déçue, d'être dans l'incompréhension, d'être en colère même, de te plaindre, mais tu n'as pas le droit de changer ce qui est beau en toi car c'est une valeur ajoutée dans ce bas monde."
Mes yeux sont remplis de larmes, je caresse le petit oiseau sur le dos et je le remercie infiniment de m'avoir écouté, de m'avoir compris et surtout de m'avoir rappelé l'essentiel.
Il a pris congé et je l'ai vu s'envoler très loin dans le ciel.